Monday, 26 November 2018

CITY HALL 2, HONG KONG (or L'HÔTEL DE VILLE, HONG KONG)


« Tes cheveux parfumés ; c’est exactement comme dans mes souvenirs… » = Titre ? (Non, ce n’est pas le titre, c’est une citation du film et le début de mon texte. S’il faut un titre, je préfère : « Le tissage des souvenirs »)
Une femme aimée et délaissée coiffe sa chevelure brillante et soyeuse. Elle est tisseuse. Jour et nuit, elle tisse. (Pourquoi ces deux mots sont soulignés en vert ?  Ils ne sont pas des caractères japonais…) La roue de son métier à tisser  (ok) émet une musique régulière qui berce les souvenirs de l’homme. « Le souvenir de cette femme dont il a abusé le hantait ; sa douceur, son sourire, sa délicatesse. » Sa chevelure parfumée le hantait jusqu’à en mourir.
Il y a très longtemps, en Chine, l’épouse légitime, s’appelait « l’épouse des cheveux ». Lors de la cérémonie de mariage, après les offrandes au ciel, à la terre et aux ancêtres, on attache ensemble la chevelure les chevelures des deux époux ensemble dans la chambre nuptiale.(ok)
1965, Hong Kong. Masaki Kobayashi sort son film 怪談, donner la trad. ? (« KWAÏDAN » - trad. « Contes fantastiques ») avec une magnifique bande-son par Toru Takemitsu.
Cette année-là, nous, les petites filles modèles d’une école protestante pour filles, sommes alignées sur la scène afin que l’on contrôle la taille de notre uniforme « cheongsam » bleu, ainsi que la longueur de nos cheveux. La robe, trois centimètres sous le genou ; les cheveux, un centimètre au-dessus du col. Beaucoup plus tard, je constaterai qu’il s’agissait là de cacher les deux endroits particulièrement chers à Rohmer : la nuque et le genou.
Nos cheveux étaient raides, sans artifice. Dans la cour, nous sommes intriguées par deux filles de la dernière année qui forment un couple. « Lui » est bâti comme un garçon, « Elle » est délicate et petite. Elle a une chevelure brillante. Elle met de l’huile parfumée dans ses cheveux, « Lui » ne pouvant se passer de cette odeur. On nous apprend qu’« Elle » est régulièrement rappelée à l’ordre par la directrice. Ce qui ne l’empêche pas, deux jours plus tard, de récidiver.
1965. Le tissage des souvenirs. La force de la mémoire des sens.
Les petites filles modèles attendaient impatiemment le jour où elles auraient la chevelure aussi longue que dans leurs rêves. Le jour où, enfin, elles pourraient librement abuser de cette huile parfumée.
Notes pré-publication de ma contribution dans “BRUNE, BLONDE: La chevelure féminine dans l'art et le cinéma” (Collectif sous la direction de Alain Bergala et Anne Marquez)  Editions Flammarion, 2010.

No comments:

Post a Comment

Note: only a member of this blog may post a comment.